Pour certains d’entre vous, le nom Emily White ne veut rien dire. Et pourtant depuis une dizaine de jours, il n’a pas eu une journée sans voir apparaître un nouveau texte sur la jeune femme de 21 ans.
Emily est directrice générale de l’American University Campus Radio. Elle est aussi stagiaire à la très réputée NPR où elle garnit le blogue de ses anecdotes et de ses réflexions. Sa librairie iTunes comprend environ 11 000 titres et elle affirme n’avoir acheté que 15 albums en 21 ans! Elle mentionne par contre que 99% de sa librairie ne provient pas des téléchargements illégaux. Ce sont des emprunts et ça fait parti de son travail. Par contre, l’écrire sur le blogue de la radio la plus réputée en Amérique (lire ici) c’est aussi faire réagir les musiciens, mélomanes ou tout autre génie de l’industrie.
Alors voilà. Il s’en suit une pluie de commentaires et de répliques. La plus marquante vient de David Lowery, ancien leader du groupe Cracker. Une réplique de plus de 3 000 mots (lire ici) où dans le plus grand des respects, il accuse la jeune femme, de se justifier en disant qu’elle, comme tous ceux qui téléchargent illégalement, s’en tiennent constamment au même discours: l’artiste touche peu d’argent alors ce sont les maisons de disques qui subissent les conséquences et on s’en fou. Concrètement, d’après les calculs de David, Emily devrait 2 139,50$ aux artistes qui occupent une place dans sa librairie iTunes. Pas aux maisons de disques. Uniquement aux artistes.
En fait, ce qu’Emily lance comme message, c’est que les propositions offertes ne reflètent pas sa façon de consommer. Encore la même question: qui devrait s’adapter à qui? Les consommateurs se sont toujours adaptés au marché de la musique. Les consommateurs sont aujourd’hui pro-actifs, mais une solution efficace remettra la balance à la position initiale. Il est clair dans son texte qu’elle attend quelque chose de nouveau. Spotify, ne satisfait ni Emily, ni David. Pour des raisons complètement différentes. L’une trouve qu’il y a un manque de ressource tandis que l’autre y voit un système loin d’être équitable envers les artistes. What’s next?
Emprunter de la musique existe depuis très longtemps. Je remplissais les 90 minutes de ma cassette TDK en une après-midi dans la chambre d’un ami. Nous avions même une option high speed dubbing pour accélérer les copies. HMV remboursait les albums dans les trente jours suivant la date d’achat. J’ai personnellement roulé sur le même vingt dollars pendant une année. Tout ça bien avant Napster.
Alors, on en pense quoi? Est-ce qu’Emily est uniquement l’évolution de ce qui fût accepté pendant si longtemps? Est-ce que cette attitude à l’âge de 21 ans n’est pas réversible avec les années? Ne pourrions-nous pas faire une comparaison avec le chef d’une pizzeria qui se bourre de pepperoni depuis des années? C’est de le dire haut et fort qui nous dérange?
Cette situation aurait été possible sans les Napters et Megaupload de ce monde. Je connais des gens qu’y n’ont pas acheté d’albums depuis des années, car leur boulot consiste à les recevoir pour une raison X ou Y. Ce sont des cas à part, mais peut-on les blâmer des ne pas encourager la musique et son ensemble? Si oui, je fais parti de ceux qui sont dans le tort.
Previous Next