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Jack White et le rituel du disque vinyle
Marc-André Laporte comment One Comment

Qu’on se le dise, l’appréciation d’une qualité sonore supérieure du disque vinyle est un placebo. C’est une histoire qu’on se créé. Nous croyons ce que nous désirons croire et à partir de ce moment, notre croyance devient à nos yeux la vérité absolue. Quand on croit que la bouteille de vin à 30$ à meilleur goût que celle à 20$, on goûte ce « meilleur goût », tout comme nous entendons du disque vinyle un son plus chaleureux que celui offert par le CD.

À mes yeux, la beauté du douze pouces se trouve plutôt dans le rituel. Sortir le disque du carton, sentir l’odeur de celui-ci, déposer le disque sur la table-tournante, déposer l’aiguille au bon endroit, retourner l’album à mi-chemin, augmenter les basses, etc. La musique a une présence beaucoup plus prenante lorsque l’on s’occupe physiquement de celle-ci. Avec le vinyle, l’objet prend le dessus sur la musique.

Lazaretto, le plus récent album de Jack White met de l’avant ce principe de rituel, cette communion avec l’objet physique, en repoussant les limites du disque vinyle.

La version ultime de son album, qui se veut aussi la version standard, offre des options jamais vues sur l’objet proposé par Emile Berliner en 1887.

– Deux chansons cachées derrière les collants situés au centre du disque. Une doit être jouée à 45 RPM et l’autre à 78 RPM.
– Le côté A joue de l’intérieur vers l’extérieur.
– Il existe deux introductions à l’album. Une électrique et une acoustique. Tout dépendant où votre aiguille tombera, vous aurez droit à une des deux introductions.
– Le côté B à un fini mat.
– Les deux côtés terminent sur un loop infini. L’album ne cesse donc jamais de jouer.
– Un hologramme est subtilement caché sur le côté A

Et j’en passe.

En 2012, son album Blunderbuss détrônait pour la première fois depuis plusieurs années, Abbey Road des Beatles au sommet des ventes de vinyles. Permettez-moi de croire qu’il y arrivera encore une fois cette année, mais cette fois-ci avec l’objet, pas avec sa musique. Pas que l’album n’est pas de qualité, mais cette fois-ci, l’histoire, c’est le vinyle.

La musique n’est pas un produit. La musique est un conducteur vers le produit. Je suis persuadé que l’exemple de Lazaretto vous permettra de faire la différence entre votre musique et les produits qui lui sont associés.

Cette version « ultime » du vinyle est une proposition unique impossible à copier qui challenge le statu quo et augmente l’intensité du rituel. Comment ne pas gagner au jeu

Vous n’avez peut-être pas une usine à fabriquer des disques dans votre cours, mais vous avez en vos mains les outils pour créer votre propre Lazaretto.

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  1. J’apprécie également énormément le vinyle pour le « rituel ».

    Par contre, peut-être que le vinyle n’a pas une sonorité « supérieure » au CD, mais je tenais à réagir à votre premier paragraphe en précisant qu’il y a bel et bien des différences entre ces deux formats. Des différences mesurables et quantifiables. Par exemple, au niveau de la compression et de l’échelle de dynamiques. Également quant au registre des fréquences et de la spatialité entre les deux formats. Il y a donc des avantages, des inconvénients et des limites qui peuvent influer sur la qualité d’écoute pour ceux qui s’intéressent au rendu sonore.

    J’approfondis un peu plus sur le sujet ici :
    http://boulevardbrutal.com/2014/04/23/reflexion-musicale-resolution-brutale-partie-2/