L‘art ne vend plus. L’expérience associée à l’art est le lien entre le consommateur et votre poche. Le cinéma a compris le concept en proposant l’expérience 3D, les sièges qui bougent, les salles de cinémas haut de gamme avec service aux tables et lazzy boy.
Vous êtes musiciens et vous lancez un album. Okay. Ce n’est pas aussi simple. Très peu de consommateurs vivront une expérience à la Avatar en écoutant votre album. Seuls vos fans l’ont vécu et le vivrons peut-être une autre fois. Vos vrais fans. Pas ces nouveaux fans qui apparaissent pour cliquer j’Aime sur votre page Facebook et disparaissent aussi rapidement. Voyez-les comme ces personnes qui entrent dans votre boutique, goûte à votre échantillon de chocolat belge et quittent sans acheter. Vous ne les avez pas convaincus. Oubliez-les pour l’instant. Eux ils vous ont oublié.
L’expérience et la notoriété
L’expérience en musique se vit par le spectacle, les éditions limitées, la relation ami ami avec vos fans. Très peu par l’album. Le Web et le 2.0 ont tout chamboulé et l’industrie n’est pas capable de s’en remettre. L’album est facile à voler. L’expérience elle; impossible.
La notoriété simple et efficace existe peu dans l’émergent, le DIY, le culturel. Vous n’êtes pas les Stones. Encore moins les Beatles. Vous êtes peut-être Lady Gaga, il y a huit ans.
La majorité des campagnes promotionnelles, que ce soit pour la vente d’un album ou du spectacle, ne vendent rien. Elles ne font qu’annoncer un fait. Grosse erreur. Mise à part quelques un d’entre vous avec des vidéos promos suggérant une émotion ici et là, j’ai le plaisir de vous annoncer chers amis musiciens que vous êtes statique. Vous êtes froid.
Ceci est le titre de mon album. Ceci est mon nom. Ceci est l’image de la pochette de mon album ou encore mieux, ceci est mon visage en mode séducteur hédoniste.
Ceci fera la job.
Maintenant, on va en mettre sur le Web, dans le journal, dans la rue ou bien à la télévision (pour les plus riches). Ceci est la stratégie utilisée pour environ 96% des projets mis en vente. (Aucune étude à l’appui, uniquement un sens de l’observation.) Dites-vous que pour que cette promo soit un succès, vous allez devoir faire preuve d’une notoriété digne du Cesars Palace à Vegas.
On réinvente la façon de vendre des couches et des rasoirs depuis des décennies. Mais vous chers musiciens, vous êtes entêtés. Vous ne vendez rien. Vous ne me proposez aucune émotion. Vous constatez des faits. Ce divan est brun et ce café est corsé. Par contre pour certains, sur ce divan je me sentirai comme si j’avais les fesses dans le sable. Et ce café, il me fera voyager sur deux continents en une seule gorgée.
Qui êtes-vous pour penser attirer des inconnus vers votre projet si vous ne faites pas cet effort minime afin de créer une émotion? Il me fera voyager votre album? J’aurai l’impression de réaliser un rêve d’enfance lorsque j’assisterai à votre spectacle? Cette chanson doit être écoutée en famille car elle solidifiera le lien entre mes parents et moi?
Dans le texte Running Effective Music Advertising Campaigns de Bruce Warila, il propose une campagne type pour un spectacle local. On peut y lire « Objectif: augmenter mon audience de cinquante à cent personnes. Proposition: rencontrez des personnes comme vous et ayez du bon temps lors de ma soirée. Message: bonne bouffe, belles personnes, bonne musique, aucun prix d’entrée. Photo ou vidéo: image ou séquence des gens dans l’audience et de la salle. Non de l’artiste. La campagne a comme objectif de vendre une soirée agréable avec des personnes similaires. L’artiste lui, a un rôle second. »
« The advice here does not apply to every artiste. With niche artists being exeption, if you can’t fill local venues with fans, don’t worry about squeezing your logo and an iTunes linking every banners ad, and stop pushing pictures of yourself unless you’re hotter than the sun. »
Et un petit coup dans l’ego de musicien! Maintenant, soyez original. Moi qui ne vous connais aucunement, vous devez me convaincre que votre projet me fera vivre quelque chose d’agréable et de différent. Ensuite je serai peut-être tenté de goûter à votre chocolat belge.
D’ici là, n’oubliez pas cette phrase:
Il est plus facile de vendre un sourire que de vendre la musique.
Merci pour cet article, je trouve que ça rejoint la nécessaire « histoire » à raconter autour de son groupe et permet de la construire. Ca rappelle un peu les « guerilla gigs » des Libertines dans des apparts 😀